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Cette semaine, le coup d'envoi a enfin été donné pour la saison des résultats dans le secteur de la technologie, et quelques géants de l’industrie ont pu révéler leurs chiffres pour le premier trimestre civil de 2022. Et l’écart entre la qualité des bénéfices et la réaction des investisseurs à cet égard ne pouvait être plus important. D’une part, nous avons les résultats acclamés et les perspectives à long terme présentés par ASML et, d’autre part, la dérision et la correction expérimentées par Netflix avec une chute historique de 35 % en une seule journée. Les portefeuilles technologiques d’Econopolis ont toujours cherché à détenir, dès le premier jour, une position saine dans ASML et nous n’avons jamais été inclinés à établir une position dans Netflix. Après cette débâcle historique de Netflix, nous sommes heureux d'expliquer pourquoi nous n'avons détenu à aucun moment une position dans cette société et, par la même occasion, nous offrons un aperçu de notre politique d’investissement.

Quiconque nous suit depuis un certain temps ou a assisté à nos présentations sait que notre stratégie technologique utilise une série de critères d’investissement pour délimiter l’univers technologique mondial. Ainsi, nous préférons sélectionner des entreprises qui satisfont, entre autres, aux critères suivants, ce qui nous permet déjà d’éliminer une grande partie de cet univers.

  1. Environnement de marché quasi-oligopolistique (nombre assez limité de fournisseurs sur un marché qui n’est pas excessivement fragmenté)
  2. Entreprises qui opèrent sur un marché de croissance (la croissance du marché doit doubler au moins la croissance du produit national brut)
  3. Croissance du chiffre d’affaires > Croissance du marché (gain de parts de marché)
  4. Positions fortes et défendables sur le marché (avec des barrières à l’entrée importantes)
  5. Puissant effet de levier opérationnel (une croissance de 5 % du chiffre d'affaires entraîne une croissance > 10 % du résultat d'exploitation et une croissance > 15 % du bénéfice net)
  6. Les investissements les plus importants ont déjà été effectués (cela conduit à une croissance supérieure des flux de trésorerie disponibles)
  7. Un bilan solide, avec peu ou pas de dettes nettes portant intérêt
  8. Une politique favorable aux actionnaires (le flux de trésorerie disponible est utilisé, entre autres, pour la croissance des dividendes et/ou le rachat d’actions)
  9. Une gestion stable

 

En fait, Netflix satisfait seulement au critère nº 5 et peut-être au critère nº 9. Tous les autres critères ne sont pas suffisamment représentés dans le profil de Netflix et c'est ce qui explique pourquoi, chez Econopolis, nous avons décidé de suivre Netflix sans toutefois y établir une position. La principale raison pour laquelle les actionnaires de Netflix ont connu une journée noire à Wall Street mercredi réside dans l’annonce d’une baisse du nombre d'abonnés dans le monde entier pour la première fois depuis de nombreuses années. Vous avez bien lu : pas une réduction de la croissance, mais bel et bien une baisse de 200 000 du nombre d’utilisateurs au premier trimestre 2022. Cela contraste également avec les attentes des analystes de Netflix qui avaient misé sur une augmentation de 2,5 millions d’utilisateurs. La baisse de 200 000 abonnés est due, en partie, au retrait de la Russie, qui a entraîné la perte de 700 000 abonnés d'un coup, ce qui signifierait, après correction, une augmentation de 500 000 abonnés. Les analystes et les investisseurs s’attendaient donc encore à une augmentation de 2,5 millions. En outre, la société a annoncé qu’elle prévoyait également une baisse au deuxième trimestre, de 2 millions d’utilisateurs supplémentaires. Ce n'est pas le type de dynamique à laquelle on s’attendrait dans une entreprise en croissance.

Nous examinons toujours de près la génération de flux de trésorerie disponibles et, chez Netflix, excepté en 2020, ce paramètre a toujours été négatif. Cela est dû aux coûts relativement élevés du programme de production de contenus exclusifs (films et séries), des contenus qui peuvent agir comme un aimant pour la captation et la rétention des abonnés. Cependant, les coûts élevés des programmes, où les coûts précèdent les bénéfices, combinés aux investissements en marketing exercent une pression sur les bénéfices et, par conséquent, aussi sur la génération de flux de trésorerie disponibles. Compte tenu du flux de trésorerie disponible négatif au cours de ces 10 dernières années, la dette nette portant intérêt a augmenté jusqu’à atteindre un montant de 8,5 milliards de dollars EU, ce qui limite considérablement les possibilités de paiement de dividendes ou de rachat d’actions.

La concurrence d'autres services de streaming vidéo moins chers, tels que Prime Video, Disney+, Apple TV+, HBO Max, s'intensifie également, donnant aux consommateurs la possibilité de choisir entre un abonnement Netflix relativement coûteux et un service moins onéreux de Disney, Apple ou Amazon. De plus, les abonnés partagent en masse leurs codes de connexion. On estime que 100 millions de téléspectateurs de Netflix utilisent le code des 220 millions d'abonnés, ce qui entraîne un manque à gagner pour Netflix. La concurrence des services de streaming dans le secteur des jeux se fait également sentir, comme cela a été le cas récemment avec le jeu Fortnite. Le consommateur ne dispose que de 24 heures par jour et doit opérer des choix en ce qui concerne son service de prédilection et le temps qu’il peut lui consacrer. Néanmoins, la direction de Netflix n'est pas encore très préoccupée, mais elle va tenter de s'attaquer au partage des comptes. La direction a également indiqué que, compte tenu de la baisse du nombre d'abonnés et de la diminution des recettes, des coupes doivent être effectuées dans les coûts des programmes, ce qui signifie que les nouvelles saisons des séries populaires devront attendre plus longtemps. Mathématiquement, cela sera correct, mais la question sera bien sûr de savoir si davantage d'abonnés au service de streaming de Netflix se tourneront vers des concurrents moins chers. En effet, qui souhaiterait payer un forfait mensuel relativement élevé alors que la qualité et la quantité des programmes diminuent et que, pour la moitié du prix, des contenus de bonne qualité sont aussi accessibles chez Disney, Apple, HBO et Amazon.

Et avec l’inflation exorbitante qui fait grimper les dépenses des ménages en énergie et en alimentation, le service de streaming vidéo devient vraisemblablement une cible facile pour les premières restrictions. En bref, le modèle de gestion et de bénéfice de Netflix est sous pression et il n’existe pas de remède facile qui épargnerait l’amertume des actionnaires déçus. Nous avons heureusement réussi à éviter cette déception pour nos participants, mais nous continuerons bien sûr à surveiller ce dossier d’investissement.

La société néerlandaise ASML est, contrairement à Netflix, une entreprise qui a répondu aux attentes. ASML satisfait d’ailleurs aux 9 critères que nous avons définis et fait partie de nos portefeuilles technologiques depuis le début. ASML a publié de solides résultats pour le premier trimestre et a réitéré ses perspectives pour l’ensemble de l'année 2022 en dépit des défis logistiques qui affectent la chaîne d’approvisionnement. Le cours de l'action a augmenté d'environ 5 % après la publication des résultats, en partie parce que ASML a indiqué que, entre autres, la tendance vers la souveraineté géographique entraînera le maintien de niveaux de commandes élevés, ce qui pourrait implicitement contribuer à une croissance du marché global des équipements pour semi-conducteurs jusqu’à 138 à 157 milliards de dollars EU d'ici 2025. Cela a été, entre les lignes, la plus grande surprise positive de la présentation, car cette fourchette pourrait théoriquement conduire à un bénéfice par action d'ASML d'environ 34 à 38 euros en 2025, alors que, jusqu'à cette semaine, le consensus du marché situait ce bénéfice à environ 27 euros.

Contrairement à Netflix, le modèle financier d'ASML est efficace. En effet, avec une marge brute prévue de 57 % du chiffre d’affaires et des coûts d'exploitation (R&D, SG&A) d'environ 17 % de ce chiffre d'affaires, ASML génère un bénéfice d'exploitation d'environ 40 % du chiffre d’affaires. Avec un faible niveau de revenus d'intérêt sur l'immense position de trésorerie nette et une charge fiscale relativement légère d'environ 16-17 % et alors que la majeure partie des investissements ont déjà été réalisés, il reste environ 40 % du chiffre d'affaires en termes de marge bénéficiaire nette et de marge de trésorerie disponible. Avec un chiffre d'affaires d'environ 18,6 milliards d'euros en 2021 et un chiffre d'affaires estimé à plus de 30 milliards d'euros en 2025, il en résulte une évolution très intéressante du flux de trésorerie disponible qui pourrait atteindre 12 milliards d'euros par an à partir de 2025. Sachant, en outre, qu'ASML est déjà libre de toute dette (nette), qu'elle ne fera pas d'acquisitions étant donné qu'elle occupe déjà une position de quasi-monopole et qu'elle peut donc utiliser la majeure partie de son flux de trésorerie disponible pour la croissance des dividendes et les rachats d'actions, on peut rapidement conclure qu'ASML peut verser 3 à 4 % par an aux actionnaires.

Nous sommes satisfaits de notre position dans ASML et nous envisageons l’avenir d’ASML et de la transformation numérique avec beaucoup de confiance pour cette position. Si vous ajoutez à cela la volonté de tous les grands blocs de puissance (Europe, Amérique, Chine) d’être auto-suffisants dans la production de semi-conducteurs, vous comprenez facilement la force de notre conviction.

En outre, nous continuons à travailler quotidiennement pour que nos clients puissent détecter et sélectionner de nouveaux investissements intéressants tels qu’ASML, tout en essayant d’éviter autant que possible des pièges tels que Netflix.

 

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Marc Langeveld