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Des troubles en Asie à la résilience en Amérique latine

L’année 2023 a été marquée par la volatilité des marchés boursiers et les défis économiques, mais il y a des raisons d’espérer, avec prudence, une amélioration en 2024.

En 2023, la Chine a connu des problèmes sur le marché du logement, ce qui a suscité des préoccupations économiques.

Bilan du trimestre précédent

Le dernier trimestre de l’année a été représentatif de l’ensemble de l’année sur les marchés émergents. Fluctuations entre des périodes décevantes et de mois vigoureux ce qui a abouti à une stabilité relative. Cette volatilité se traduit par la nervosité actuelle des investisseurs sur les marchés émergents, compte tenu de la phase du cycle économique que nous traversons en ce moment. L’un des événements les plus importants du trimestre a été, sans aucun doute, le déclenchement de la guerre entre Israël et le mouvement extrémiste palestinien Hamas. Malgré la gravité de cette situation, l’impact sur les marchés financiers est resté limité, en partie parce que la Banque centrale américaine a suggéré qu’une nouvelle hausse des taux d’intérêt ne serait probablement pas nécessaire. Cela a conduit à une baisse significative des taux d’intérêt, ce qui a stimulé à son tour les marchés boursiers. En Corée du Sud, nous avons vu un signe avant-coureur de ce qui pourrait se produire à l’approche des élections d’avril 2024. Une interdiction temporaire de la vente à découvert ou short-selling – la vente d’actions empruntées pour réaliser un bénéfice lorsque le cours des actions baisse – a été imposée dans ce pays jusqu’après les élections, en juin l’année prochaine.

Bilan de l’année 2023

Au début de cette année, on espérait que la réouverture plus rapide de l’économie chinoise conduirait à une reprise économique. Cette prévision ne s’est toutefois pas concrétisée, étant donné que l’économie chinoise a connu des difficultés importantes, principalement en raison des nouvelles pressions exercées sur le secteur de l’immobilier. Plutôt que d’appliquer les mesures de relance à grande échelle quasiment traditionnelles, on a choisi de mettre l’accent sur une stabilisation du segment immobilier. Un autre facteur important cette année a été la volatilité des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis qui a eu un impact négatif, puis positif sur les marchés boursiers. En outre, les tensions géopolitiques fréquemment exacerbées ont suscité la nervosité des investisseurs. Au Brésil, Lula est arrivé au pouvoir. Malgré les préoccupations initiales, les institutions brésiliennes ont maintenu leur résilience, ce qui a contribué à d’assez bonnes performances sur les marchés boursiers brésiliens.

Perspectives pour 2024

Le sentiment à l’égard des actions des marchés émergents a fortement évolué, basculant de l’optimisme au début de l’année 2023 au pessimisme à la fin de l’année. De nombreux investisseurs ont renoncé à leurs positions, ce qui a abouti à des valorisations historiquement basses. On constate néanmoins une différence significative au niveau macroéconomique. Les pays émergents ont été les premiers à relever leurs taux d’intérêt et ils l’avaient fait de manière agressive. Maintenant que l’inflation semble être sous contrôle, les banques centrales de plusieurs de ces pays ont déjà commencé à baisser les taux directeurs. Cette tendance devrait vraisemblablement se poursuivre en 2024, ce qui pourrait stimuler les marchés boursiers dans les pays émergents.

Le marché immobilier instable en Chine

Comme nous l’avons indiqué précédemment, après une forte reprise initiale au début de cette année, l’économie chinoise a finalement affiché des résultats décevants en 2023. Le cœur de ce problème tient au marché chinois du logement.

En effet, cela a pesé sur les dépenses des consommateurs, puisque, traditionnellement, une part importante de l’épargne est investie dans le marché du logement. Et lorsque celui-ci est en difficulté, cela a immédiatement un impact négatif sur la consommation et sur l’économie dans son ensemble. Les problèmes liés au marché du logement durent depuis si longtemps que des signes de stabilisation pourraient à eux seuls conduire à un regain d’optimisme. Au cours de la période écoulée, nous avons pu relever une première indication de cette évolution. Depuis l’abolition des mesures anti-spéculatives à la fin du mois d’août et la réduction des taux d’acompte minimum sur les prêts hypothécaires, nous avons assisté à une stabilisation – et, en novembre, à un retour à la croissance – des ventes de logements à la fois dans les 30 plus grandes villes et parmi les 100 plus grands promoteurs immobiliers. Naturellement, il ne s’agit que d’un premier pas dans la bonne direction, et d’autres mesures seront nécessaires pour atténuer la pression croissante sur les liquidités des promoteurs immobiliers. Il est donc de plus en plus probable que des mesures de soutien plus agressives en faveur du secteur immobilier seront requises pour aboutir à un redresse- ment définitif. La crise du marché immobilier et les répercussions possibles sur l’ensemble de l’économie ont incité Moody’s à abaisser récemment sa notation de crédit de la Chine. On a notamment fait allusion au risque de contagion financière au secteur du shadow banking ou secteur des activités bancaires parallèles (il s’agit des institutions financières non-traditionnelles qui fournissent des financements en dehors du système bancaire ordinaire et qui englobent une série d’activités et d’entités telles que les sociétés fiduciaires, les produits de gestion d’actifs, les sociétés de microcrédit et les plateformes de crédit en ligne). Il semble donc probable que l’année 2024 soit encore une année difficile pour le marché immobilier chinois. Tant que les ventes de logements restent relativement faibles, la principale préoccupation demeure le risque de défaut de paiement des promoteurs et une contagion potentiellement plus large de ce phénomène à l’ensemble de l’économie. Pour l’instant, les mesures d’assouplissement adoptées par le gouvernement n’ont pas été suffisantes pour amener un redressement et des mesures de soutien supplémentaires seront donc nécessaires.

Gino Delaere

Gino Delaere

Gino Delaere is master in Applied Economics (University of Antwerp) and holds an MBA (Xavier Institute of Management in Bhubaneswar, India). For over a decade he has been specializing in emerging markets worldwide and traveling the world looking for interesting investment opportunities. Previously he worked for several large asset managers where he was actively involved in several thematically inspired equity funds. Today, as the head of the Econopolis office in Singapore, he spends a significant amount of his time in Asia and Latin America, and is responsible for the stock selection in the emerging markets funds.