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Le double rôle de la Chine dans la transition climatique : menace ou opportunité ?

Le double rôle de la Chine dans la transition climatique : menace ou opportunité ?
Le double rôle de la Chine dans la transition climatique : menace ou opportunité ?

» La Chine est le plus grand émetteur de CO2 au monde, mais elle est aussi un acteur clé dans les technologies vertes et dans les efforts visant à atteindre la neutralité climatique.

» La loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), le Pacte Vert pour l’Europe et le leadership de la Chine dans les technologies propres donnent une forte impulsion à la transition climatique.

La Chine : obstacle ou moteur de la transition climatique mondiale ?

La Chine est actuellement le plus grand émetteur de CO2 parmi tous les pays au monde, avec pas moins de 31 % des émissions mondiales. À titre de comparaison, cela représente plus de deux fois plus que les États-Unis (14 %) et près de quatre fois plus que l’UE (8 %). Malgré ces chiffres, nous voyons régulièrement des actualités sur la construction de nouvelles centrales thermiques en Chine. Une question se pose alors : la Chine fait-elle suffisamment d’efforts pour atteindre la neutralité climatique ? Nos efforts seront-ils réduits à néant si les émissions chinoises continuent d’augmenter ? Et peuvent-elles être tenues responsables du changement climatique ? La réalité est toutefois plus nuancée que cela. Le moment est venu de clarifier les choses.

« Made in China » : nous importons une partie de notre empreinte de CO2

Si l’on tient compte des chiffres des émissions par habitant, les émissions chinoises peuvent être quelque peu relativisées. Le Chinois moyen émet 8 tonnes de CO2 par an, tandis que le Belge moyen en émet 8,2 tonnes. Comparativement, l’Européen moyen se situe à 6,3 tonnes, l’Américain à près de 15 tonnes et le citoyen moyen du monde émet 4,7 tonnes de CO2.

Toutefois, ces chiffres ne reflètent pas une image complète de la situation. De manière générale, nous déclarons uniquement les émissions résultant de notre propre production. Cependant, dans le monde occidental, au cours de ces dernières décennies, nous avons délocalisé de plus en plus souvent des activités de production à forte intensité de CO2 vers des pays tels que la Chine et l’Inde, même si nous consommons toujours les produits finaux. Pour obtenir une idée précise de l’empreinte de CO2 d’une région, il est essentiel d’inclure la consommation de CO2, étant donné que cela nous permettra de tenir compte à la fois des importations et des exportations de CO2. La figure suivante illustre le pourcentage des émissions produites qui sont importées ou exportées. L’UE-27 et les États-Unis importent plus de CO2 via les marchandises qu’ils n’en exportent : 22,4 % des émissions produites sur le sol européen sont des importations nettes, qui viennent s’ajouter aux émissions de CO2 produites en Europe. Pour la Chine et l’Inde, c’est l’inverse : en 2020, les exportations nettes de ces pays ont atteint respectivement 8,4 % et 6,9 % des émissions de CO2 produites dans chacun de ces pays.

Le climat : un positionnement économique pour la Chine

Il devient de plus en plus évident que la Chine considère également la transition climatique comme une formidable opportunité économique. Bien que cela puisse menacer la position concurrentielle des entreprises européennes, en particulier dans des secteurs tels que l’énergie, où les entreprises européennes subissent déjà les conséquences de la surcapacité (temporaire) en Chine qui pèse sur leur rentabilité, cela comporte également des avantages pour la transition mondiale. La Chine non seulement produit une grande partie des « produits verts », mais le pays est également un grand consommateur de ces produits. En 2022, près de 30 % des voitures neuves vendues en Chine, par exemple, étaient des voitures électriques. À titre de comparaison, ce pourcentage atteignait 13,4 % dans l’UE et 16 % en Belgique. La transition énergétique nécessite naturellement des matières premières et, dans ce domaine également, la Chine est un acteur majeur.

La Chine voit des opportunités incontestables dans le secteur climatique et bénéficie d’une transition accélérée. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Mieux encore, cela signifie que cette puissance mondiale sera un catalyseur de la transition climatique plutôt qu’un obstacle. Avec la Chine en position de tête dans les technologies propres, conjointement à la loi américaine sur la réduction de l’in- flation (Inflation Reduction Act) et au Pacte Vert pour l’Europe, la transition reçoit une forte impulsion à l’échelle mondiale. Ce qui est crucial pour l’Europe, c’est de ne pas se focaliser sur les menaces possibles de l’IRA (loi américaine sur la réduction de l’inflation). Nous devons également éviter de céder à un réflexe de panique qui mène à une course aux subventions entre les entreprises et les États membres. Au lieu de cela, nous devons utiliser notre expertise et notre connaissance du marché pour développer des produits et des services de haute qualité, ce qui nous permettra d’occuper une position forte dans ce secteur émergent à long terme!

Kristof Eggermont

Kristof Eggermont