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Aperçu du marché Q3-2023

Aperçu du marché Q3-2023
Aperçu du marché Q3-2023

Le troisième trimestre de 2023 a connu trois phases différentes. Le mois de juillet a démarré sur les excellentes performances des actifs à risque, en particulier les actions. Toutefois, alors que les investisseurs s’étaient accommodés du risque, une correction s’est produite en août. Le trimestre s’est clôturé sur des résultats défavorables et seules quelques actions sont parvenues à résister.

L’origine de cette volatilité a été essentiellement macroéconomique. Aux États-Unis, les données économiques robustes et les meilleurs résultats des entreprises, d’une part, et des taux d’intérêt plus élevés, d’autre part, ont entraîné des fluctuations du marché. La seule stabilisation que l’on a connue en août est survenue après l’annonce de taux d’emploi modérés et un assouplissement de la position de la FED à Jackson Hole (une réunion annuelle de tous les dirigeants mondiaux des banques centrales), qui laisse présager un éventuel pic des taux d’intérêts. Le président de la FED, Jerome Powell, n’a toutefois donné aucune confirmation à cet égard fin septembre. Même les valeurs technologiques, y compris les « Sept Mercenaires » de 2023 (les 7 plus grandes et plus importantes sociétés technologiques), ont connu davantage de fluctuations au cours de ce trimestre. La récente chute du cours de l’action de Nvidia, le titre d’IA par excellence, indique que le marché attend désormais des résultats tangibles en matière d’intelligence artificielle.

En Europe, la BCE a continué à relever les taux d’intérêt compte tenu des taux d’inflation toujours élevés, malgré l’affaiblissement des données économiques. Bien que les résultats des entreprises aient été meilleurs que prévus le marché anticipe un ralentissement économique. La préoccupation de voir la « stagflation » s’installer est omniprésente. Le récent flux de mauvaises nouvelles provenant d’Allemagne, autrefois le moteur industriel de l’Europe, a exacerbé les inquiétudes. Le pays est confronté à des défis allant des prix élevés de l’énergie et de la faible demande intérieure aux préoccupations géopolitiques et à l’innovation limitée des entreprises. L’écart de valorisation entre les actions européennes et américaines se creuse et les investisseurs se débarrassent massivement des actions européennes.

Au niveau sectoriel, le troisième trimestre indique une consolidation des tendances depuis le début de l’année. Il convient de souligner la forte correction du thème « climat ». Les taux d’intérêt élevés ralentissent les investissements dans les énergies renouvelables, tandis que les chaînes d’approvisionnement demeurent perturbées par la volatilité des prix des matières premières et les interventions (géo)politiques. En outre, les investisseurs affichent leur nervosité face au changement de l’orientation politique. Les populistes, de l’Allemagne aux États-Unis, ont intensifié leur opposition à la transition énergétique. Et même un centriste comme Rishi Sunak au Royaume- Uni a revu ses ambitions à la baisse. Il y a certainement de l’air (sans jeu de mots) dans les actions liées au vent. Cependant, le marché climatique dans son ensemble a affiché beaucoup plus de résistance et cela représente une opportunité à long terme.

La Chine a continué d’occuper une place importante dans l’actualité des marchés émergents. Après un début optimiste en juillet, les actions chinoises ont chuté en raison des données économiques négatives et de l’instabilité du marché immobilier. Les anciens moteurs de croissance – les exportations et les investissements en capital fixe – diminuent, entraînant une hausse du chômage et une baisse de la consommation intérieure. Les marchés financiers ont estimé que les mesures de relance du PCC étaient insuffisantes. Les plans de la Chine visant à réduire la transparence économique ont renforcé la perception selon laquelle le pays n’est pas « à même de recevoir des investissements », un point de vue que nous ne partageons pas. En conséquence, l’écart de valorisation entre les actions chinoises et les actions mondiales est plus important que jamais auparavant et les sorties massives de capitaux se sont poursuivies.

Le taux d’intérêt américain à 10 ans, proche de son niveau le plus élevé au cours des 20 dernières années, a donné le ton sur les marchés obligataires. Malgré cela, les marchés du crédit restent stables, même dans le segment High Yield (rendement élevé). Stimulés par des données économiques robustes et par la hausse des prix du pétrole, les fonds spéculatifs et les macrofonds ont renforcé leurs positions courtes, anticipant des taux d’intérêt encore plus élevés. Dans le même temps, les investisseurs institutionnels mondiaux ont augmenté leurs obligations d’État américaines, séduits par le différentiel de rendement avec d’autres régions où les taux d’intérêt sont réduits. Les marchés des changes ont reflété ces tendances macroéconomiques. L’euro a chuté face au dollar dans le contexte de l’affaiblissement de l’économie de la zone euro et le renminbi chinois a perdu du terrain compte tenu des sorties de capitaux record de la Chine.

Les marchés des matières premières ont connu une reprise significative dans le secteur pétrolier. Malgré le ralentissement de l’économie chinoise et grâce aux restrictions de production imposées par l’OPEP sous la direction de l’Arabie saoudite, les prix du pétrole se sont redressés de plus de 50 % par rapport à leur niveau le plus bas en 2023. Cela alimente l’incertitude du marché, complique les interventions politiques et crée de la confusion parmi les acteurs du marché.

Au début du troisième trimestre, et plus particulièrement à la fin du mois de juillet, le sentiment et le positionnement des investisseurs ont sensiblement rebondi par rapport à leur point le plus bas en 2022. De ce point de vue, la volatilité des deux derniers mois en réponse à des données négatives n’est pas surprenante. Entre- temps, il convient de souligner que les marchés ont été raisonnablement efficaces dans la prise en compte de la situation macroéconomique émergente, malgré la confusion. Bien que les technologies et les produits de luxe aient tous deux progressé l’année dernière, ils ont affiché des tendances divergentes au cours de ce troisième trimestre : les technologies ont profité de la croissance de l’IA, tandis que les produits de luxe ont vraisemblablement souffert des ralentissements enregistrés en Chine. En ce qui concerne les matières premières, le pétrole a progressé conformément aux principes de l’offre et de la demande, alors que d’autres matières premières industrielles sont restées à la traîne. Le dollar s’est renforcé par rapport à d’autres devises telles que l’euro, principalement en raison des écarts de rendement et des données macroéconomiques.

Nous restons convaincus de la pertinence d’un portefeuille diversifié axé sur la qualité, la technologie, le climat et l’or (même si le poids de l’or a été réduit). Toutefois, nous sommes vigilants face aux effets imprévus de la hausse des taux d’intérêt et d’un éventuel affaiblissement de l’économie. Nous tenons également à souligner que les obligations jouent à nouveau un rôle important dans un portefeuille, ce qui n’était plus le cas depuis une dizaine d’années. Cela nous permet d’être optimistes quant à l’avenir.

Philippe Piessens

Philippe Piessens

Philippe Piessens est Senior Wealth Manager chez Econopolis Wealth Management. Philippe possède une vaste expérience dans le secteur financier, avec un accent sur les actions. Il débute sa carrière en 2001 chez Lehman Brothers à Londres, avant de rejoindre HSBC et Kepler Cheuvreux. Il est également actif dans l'art, en tant que collectionneur et consultant, et dans l'immobilier, à travers une holding familiale. Philippe est titulaire d'un BSc en relations internationales de la London School of Economics.