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Géo-ingénierie : hold up climatique ou apprenti sorcier ?

Dans la lutte contre les changements climatiques, la géo-ingénierie regroupe les techniques visant à manipuler la météo et l'atmosphère pour empêcher la surchauffe de la planète. Cette piste est de plus en plus considérée comme la solution par excellence. Où en sont les technologies et quelles sont les entreprises actives dans ce domaine ?

 

1. Capture et stockage du carbone (carbon capture and storage)

Les scientifiques et politiques dans le monde considèrent la capture et le stockage du CO2 comme un moyen sûr et efficace d'extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère à grande échelle. L’opérateur public norvégien GassNova stimule notamment le développement et le financement de la technologie. Des startups comme Global Thermostat et Carbon Engineering, financée par Bill Gates, ont levé des millions auprès d’investisseurs ces dernières années et travaillent aujourd'hui sans subventions publiques.

 

Cependant, ce dioxyde de carbone extrait de l'atmosphère, il faut le stocker quelque part. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Une alternative consiste à convertir le CO2 en matériaux utilisables. En 2017, le Suisse Climeworks a ainsi inauguré la première installation commerciale de transformation du dioxyde de carbone en engrais.

 

2. Géo-ingénierie solaire (solar geo-engineering)

‘Stratospheric aerosols scattering’

Si l'approche de la capture du carbone reste relativement inoffensive, le ‘stratospheric aerosol scattering’ est bien plus controversé. La technique consiste à envoyer des particules de soufre dans l'atmosphère pour réfléchir la lumière du soleil. La technique s'inspire des effets d'une éruption volcanique.

 

‘Marine cloud brightening’

Autre forme de géo-ingénierie solaire déjà formulée en 1990 par le scientifique John Latham : le ‘marine cloud brightening’. Il proposait de blanchir artificiellement les nuages de pluie gris au-dessus des océans pour réfléchir plus de lumière du soleil. On pourrait par exemple ‘injecter’ des microcristaux de sel dans les nuages.

 

Sauvetage des glaces polaires

Plutôt que de se focaliser sur la lumière du soleil ou les nuages, certains scientifiques étudient des méthodes pour sauver les glaces polaires. En effet, celles-ci reflètent énormément de lumière solaire (albedo). La fonte des calottes glaciaires est donc autant la conséquence que la cause du réchauffement planétaire.

L’ONG Ice 911 mène actuellement des expériences en Alaska avec de la fausse glace réalisée à partir de particules de verre. À terme, elle compte la répandre sur les calottes glaciaires afin de restaurer le bouclier naturel de la terre contre la chaleur.

 

 

Critique de la géo-ingénierie

La géo-ingénierie solaire fait l’objet d’une importante opposition, car les conséquences pourraient être catastrophiques pour le climat. La recherche coûte également très cher. De plus, si elles tombaient en de mauvaises mains, ces technologies pourraient être utilisées comme armes de guerre.

La géo-ingénierie présente cependant un autre risque bien plus grand : un retard de la transition vers la neutralité climatique. Cette confiance aveugle dans la géo-ingénierie solaire pourrait en effet retarder, voire stopper nos efforts de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il ne peut évidemment pas en être question. Les technologies doivent être un outil pour réaliser les objectifs climatiques, pas pour les repousser indéfiniment.

 

 

Kristof Eggermont

Kristof Eggermont

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